« Comparativement, nos pauvres organes de mâles font pale figure.
Ils cachent très mal leurs intentions »


Le mystère. Voilà bien le maître mot. A ce titre-là, le sexe féminin est une notable réussite. Expert dans l’art de la dissimulation, (là-dessous, on ne peut pas faire plus caché). Sans oublier le gazon pubien venu en cacher l’entrée exacte. Chapeau les filles !

Comparativement, nos pauvres organes de mâles font bien pale figure. Tout en extériorité, arborés sans aucune pudeur, voire brandis, cachant très mal leurs intentions, tour-à-tour fanfarons ou paresseux. Ils sont tristement visibles et prévisibles. Et je ne vous parle même pas du ridicule petit sac de peau pendouillant, dont notre Seigneur, dans un moment d’égarement, a cru bon nous doter. A moins que, ayant terminé la Création de l’Homme, il ait oublié deux ou trois bricoles, qu’il nous a foutues dans un genre de doggy bag poilu, et accroché là-dessous ni vu ni connu.

A l’arrivée, affublés de cette encombrante tuyauterie incontrôlable et de ces deux ridicules bibelots en gouttes d’huile, on ne peut guère rivaliser en délicatesse avec la discrète commissure de celles d’en face. Il n’est qu’à voir pour s’en convaincre une chorégraphie. Voici les tutus des danseuses soulignant à peine un entrejambe inexistant. Voilà maintenant les collants des danseurs, trimballant un paquet informe au niveau du pubis. Personnellement je réfuterai toute qualité artistique à un ballet de Tchaïkovski tant que ces ignobles excroissances empaquetées de soie me seront balancées sous le nez.

D’accord le mystère,  mais au lycée, elles en faisaient trop, les filles. Il fallait voir comme elles dissimulaient leurs jambes. Tout ce qui relevait du dessus du genoux était sous embargo. Le saint des saints, le tabernacle, c’était leurs petites culottes. Qu’on puisse voir ce triangle de satin en haut des cuisses était le sacrilège absolu. Elles en auraient été mortifiées.

Et voilà bien le paradoxe féminin : ça ne leur posait aucun problème en revanche qu’on les voit en maillots de bain à la piscine. Or, il n’y a rien de plus follement indécent que le slip de bain. Le corps est quasi nu, offert à toutes les investigations du regard, s’il on excepte cette parenthèse de tissu. Et puis franchement, culotte de bain ou culotte normale, quelle différence ? les unes nous étaient offertes sans barguigner ; et les autres farouchement soustraites à notre regard. Pourquoi ? Incompréhensibles gonzesses.

Plus étonnant : il y eut un jour sur les plages cette mode « des seins nus ». Je me souviens qu’il fallait faire comme si de rien n’était. Quelle Tartufferie ! Exemple : une fille, une amie, que vous connaissiez bien par ailleurs, mais toujours vêtue, vous parlait de choses et d’autres, cette fois les seins à l’air. Et il fallait LA REGARDER DANS LES YEUX, perles de sueur au front, et torticolis au cou. Le moindre plongeon du regard eût été de la dernière vulgarité, et sanctionné comme tel.

Le haut du maillot de bain était soudain définitivement ringard. Nos plages furent désormais changées en une exposition universelle de glandes mammaires. J’étais sorti de l’adolescence depuis longtemps, et heureusement, car je serais devenu fou, arpentant la plage de Berck (Pas-de-Calais) les yeux à la Tex Avery, courant de temps à autres me jeter dans la mer du Nord, pour calmer mes ardeurs naissantes. Je crois que de toutes façons, une épaisse colonne de fumée au contact de l’eau m’aurait trahit.